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A Maracaibo, la capitale pétrolière du Venezuela, on fore pour l'eau
information fournie par AFP 28/06/2025 à 10:19

Un homme puise de l'eau d'un puits dans un quartier de Maracaibo, dans l'État de Zulia, au Venezuela, le 21 juin 2025 ( AFP / Alejandro Paredes )

Un homme puise de l'eau d'un puits dans un quartier de Maracaibo, dans l'État de Zulia, au Venezuela, le 21 juin 2025 ( AFP / Alejandro Paredes )

"A Maracaibo, on est prêt pour l'apocalypse", dit une blague souvent répétée par ses habitants. Jadis florissante, la capitale pétrolière vénézuélienne, ébranlée par la crise, s'est habituée à vivre avec les coupures d'eau et de courant, comme avec les pénuries d'essence.

Résidences, écoles, commerces, églises ou centres de santé creusent désormais pour construire des puits et pallier le manque d'eau.

Prix: entre 1.000 et 6.000 dollars. Une somme énorme dans ce pays où le revenu minimum avoisine les 200 dollars par mois.

Manuel Palmar sourit chaque fois qu'il ouvre le robinet et voit un puissant jet d'eau en sortir. "C'est une bénédiction!", affirme à l'AFP ce comptable de 34 ans qui s'est réuni avec ses voisins pour construire un puits il y a quatre ans.

La pénurie d'eau existe depuis des décennies dans tout le pays et Maracaibo, berceau de l'exploitation pétrolière, ne fait pas exception malgré sa richesse passée.

Les raisons sont multiples: machines de pompage en panne, fuites dans les tuyauteries, sécheresse dans les réservoirs.

Les experts dénoncent des années de désinvestissement et de corruption.

Au début de l'année, l'eau n'a pas coulé dans les robinets pendant plus d'un mois dans certaines localités.

- Essor des puits -

Les habitants trouvent des solutions selon leurs moyens. Certains remplissent des "pipas" (des seaux d'environ 200 litres) pour 2 ou 3 dollars. Faire appel à un camion-citerne pour remplir le réservoir d'un immeuble coûte entre 40 et 60 dollars.

D'autres recyclent l'eau rejetée par la climatisation – un appareil de première nécessité à Maracaibo – ou recueillent l'eau de pluie.

Un homme remplit un fût d'eau dans un quartier de Maracaibo, dans l'État de Zulia, au Venezuela, le 21 juin 2025 ( AFP / Alejandro Paredes )

Un homme remplit un fût d'eau dans un quartier de Maracaibo, dans l'État de Zulia, au Venezuela, le 21 juin 2025 ( AFP / Alejandro Paredes )

Solution à long terme et permettant d'être autonome, le puits connaît un essor depuis six ans et se répand également dans des villes comme Caracas, où le manque d'eau se fait sentir dans certains secteurs.

Manuel Palmar vit à Ziruma, quartier de classe moyenne inférieure de Maracaibo. Lui et ses voisins ont payé 2.500 dollars pour l'installation d'un puits de 12 mètres de profondeur.

Maintenant, le groupe de voisins peut stocker jusqu'à 80.000 litres d'eau de source environ chaque semaine. L'eau n'est potable, en raison de sa trop forte salinité, mais "elle est parfaite pour laver les vêtements, pour les toilettes, elle n'a pas de résidus", explique-t-il, satisfait de l'investissement qui lui permet désormais d'économiser le paiement récurrent du camion-citerne.

- Eau contaminée -

Le prix d'un puits varie en fonction de la profondeur, des analyses de l'eau et des équipements électriques de pompage.

Gabriel Delgado en a construit environ 20 dans cette ville de 2 millions d'habitants. Parmi ses clients figurent une clinique pour malades cardiaques ou quatre écoles privées.

Il en a également installé un chez sa belle-mère: un cylindre en ciment gris, d'un mètre et demi de diamètre, enterré sous un tas de bidons et de pierres qui dissimulent son sommet. Des toiles d'araignées pendent juste au-dessus du niveau de l'eau, mais, dès que l'homme connecte sa pompe d'aspiration, le liquide jaillit avec force.

L'eau semble cristalline et il la qualifie de douce. Il en boit même une gorgée dans une bouteille translucide qu'il vient de remplir.

"C'est rafraîchissant", dit-il. Bien meilleur que l'eau jaunâtre et boueuse qui sort parfois des robinets en période de pluie.

Les autorités sanitaires et environnementales doivent délivrer des autorisations préalables avant les forages. Elles exigent notamment des analyses d'eau.

Mais tous ne réalisent pas ces démarches. Javier Otero, directeur du département des eaux de la mairie de Maracaibo, explique avoir détecté des puits artisanaux peu profonds, certains proches de canalisations ou de cours d'eau contaminés.

Ces gens "consomment une eau qui n'est pas potable, saumâtre", déclare-t-il à l'AFP. La mairie a construit sept puits pour approvisionner les quartiers pauvres de Maracaibo.

Ce type d'infrastructure a désormais sa place dans les annonces immobilières: les prix des logements montent lorsque le bien dispose d'un puits et d'un groupe électrogène.

1 commentaire

  • 28 juin 18:36

    Contrairement à ce qu'avance l'article, le Venezuela n'a jamais été un pays florissant, ni avant, ni pendant, ni après Chavez. C'était juste un peu moins pire que maintenant.


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